Non, je ne suis pas une collabo du capitalisme et de la fièvre acheteuse de produits fabriqués par des enfants, des femmes et des hommes sous-payé·e·s et exploité·e·s. Ni une hystérique de la réunion familiale coûte que coûte, et quoi qu'il en coûte...
Mais j'aime cette valeur un peu galvaudée, qui nous paraît si américaine et britannique depuis que nous avons découvert les épisodes spéciaux de séries telles que Urgences, les Simpsons, ou encore Doctor Who : l'esprit de Noël. Avoir l'occasion, au moins une fois par an, de manière totalement décomplexée (parce que c'est justement l'occasion qui le veut) de dire à ma famille et mes proches que je les aime. Et faire des pots et de repas de Noël. Et leur offrir des cadeaux et/ou des chocolats. Bref, célébrer nos liens affectifs, et non pas l'heureux jour de leur naissance ou de leur prénom.
De même, j'adore (enfin, "adorais", j'ai soi-disant passé l'âge) chercher les œufs en chocolat dans les jardins et parcs à Pâques, ou faire des tartes au potiron à tours de bras pour Halloween.
Alors pour vous, rares grenouilles, humain·e·s, pacmans et bots qui passez sur ce blog, voici un petit tour illustré de ce que la littérature, la télé et l'Internet ont pu faire de Noël.
D'abord, rendons hommage au conte qui se dissimule plus ou moins bien derrière la plupart des aventures de Noël : A Christmas Carol de Charles Dickens (1843), ou l'histoire du méchant Ebenezer Scrooge, menacé de finir en Enfer par le fantôme de son ancien associé, qui devra parvenir à la rédemption grâce aux trois Esprits de Noël. J'avoue, mon premier contact avec ce conte a été l'une de ses adaptations en dessin-animé par Disney, avec Mickey...
Pour lire la version originale, avec les illustrations de John Leech, allez sur sa page du Projet Gutenberg.
Je ne résiste pas ici à évoquer deux adaptations et réécritures du conte de Dickens.
L'épisode spécial de la série britannique Doctor Who : "A Christmas Carol", écrit par Steven Moffat, réalisé par Toby Haynes, et diffusé le 25 décembre 2010 sur la BBC One. Je ne peux pas vraiment en parler (sauf à recopier le résumé Wikipédia), dans la mesure où il s'agit de l'un des rares Christmas Specials de la série que je n'ai pas vu...
Plus ancien, un épisode de la saison 2 de la série Xena, the Warrior Princess : "A Solstice Carol", écrit par Chris Manheim, réalisé par John T. Kretchmer, et diffusé le 9 décembre 1996. Xena et Gabrielle s'apprêtent à fêter le solstice d'hiver au royaume du Roi Silvus, mais découvrent très rapidement que toute forme de célébration est interdite et sévèrement punie par le roi. Ce dernier, traumatisé par la mort de sa femme, la Reine Amalia, hait le solstice d'hiver, les enfants et les fêtes. Bien sûr, Xena et Gabrielle vont tout arranger, à la suite de péripétie toutes plus rocambolesques les unes que les autres, impliquant un sapin géant, un système de poulie, un déguisement de fantôme, un âne et un apprenti Santa Klaus.
Le blog du programme de numérisation de masse de la Bibliothèque nationale de France, Gallica, a consacré pour sa part deux billets aux corpus disponibles : le premier "Noël: de la tradition à la réalité" est assez généraliste, il couvre les cantiques, contes, illustrations et photographies que l'on peut dénicher dans Gallica et sa banque d'images ; le second est assez original, et nous propose une histoire du Réveillon de Noël, ainsi que des menus et recettes !
Enfin, la littérature SFFF s'est évidemment emparée de Dickens, de Santa Klaus et de Noël.
Les éditions des Moutons Électriques ont consacré un numéro spécial de la collection Fiction au sujet : Les Noëls électriques, dirigé par Jacques Baudou et illustré par Letizia Goffi (Fiction Spécial, vol. 2, 2007). 19 nouvelles au sommaire, clôt par un article de Jean-François Ruaud. Parmi les auteur·e·s qui nous gâtent : Léa Silhol, Fabrice Colin, Catherine Dufour, Xavier Mauméjean, Mélanie Fazi, Johan Heliot...
Ma préférée est sans conteste "Évasion à Gui 5" de James Powell : il n'existe pas un, mais des Pères Noël, formés au sein d'écoles spécialisées, chargées de repérer les potentiels et de les dresser. Un problème de taille se pose en effet : la gaieté forcée qu'impose la fonction de Père Noël rend ses incarnations complètement dépressives, voire psychopathes. Des maisons de retraite, de repos et d'internement ont donc été créées afin de prendre en charge les retraités de la distribution de cadeaux. Tout se passait bien, jusqu'à ce que le pire ex-Père Noël psychopathe du pire asile, Gui 5, ne s'échappe à coup de meurtres et de mutinerie...
Si vous souhaitez un avant-goût de ce très beau livre (hélas épuisé), vous pouvez lire cette chronique publiée sur le webzine La Lune Mauve.
Dans la même veine horrifique, le recueil Utopiæ 2003, édité par Bruno della Chiesa, s'ouvre sur une excellente nouvelle de João Barreiros : "Douce nuit" ("Noite de paz", 1994). Elle raconte le massacre annuel du Père noël, de ses rennes, ses sapins et ses lutins, par des forces armées spécialement entraînées. L’éradication institutionnalisée du Père noël représente une entreprise sanglante, aux pertes humaines lourdes et à la finalité aussi glaçante que la description des combats : dans le futur, la générosité désintéressée est une monstruosité, une démarche rendue inintelligible par le système capitaliste mondialisé.
Pour finir, les éditions Argemmios ont publié il y a presque deux mois une anthologie qui figure en bonne place dans ma liste d'achats futurs : Noëls d'hier et de demain, dirigée par Pierre-Alexandre Sicart. Elle comprend dix-huit textes, écrits entre autres par Jean-Marc Ligny, Orson Scott Card, Anne Rossi...
Je vous invite à en lire la chronique par Lullaby sur son blog, très alléchante !
Il y a tant d'autres livres dont je pourrais parler (les Batman de Noël, par exemple...), mais à votre tour de le faire : et vous, que lisez-vous à Noël ?
Très sympa ce petit article sur Noël ! (il faudrait vraiment que je lise un jour l'histoire de Dickens, depuis le temps que j'en entends parler...)
RépondreSupprimerPasse de bonnes fêtes ! :)
Lullaby
Tu n’as pas avoir honte d’aimer Noël, qui n’est pas seulement réservé aux anglo-saxons ;)
RépondreSupprimerMoi aussi j’adore les épisodes spéciaux de Doctor Who ! Je ne connaissais pas "Douce nuit », ça a l’air complètement déjanté ! ^^
Sinon, pendant les fêtes, j’avoue ne pas lire grand chose… Désolé pour ce commentaire inutile ;)
Merci Lulla et Capitaine pour les commentaires, c'est gentil de passer par-là (ça change des bots) :D
RépondreSupprimer@Lullaby: pour ma part, je n'ai toujours pas lu non plus le conte de Dickens. Je l'ai commencé plusieurs fois, mais sans aller jusqu'au bout (je ne me rappelle plus pourquoi, une honte).
@Escrocgriffe: Oui, la nouvelle de João Barreiros vaut le détour ! Et pour ce qui est de la lecture pendant les fêtes, je n'ai lu qu'un roman que mes collègues m'avaient offert. Mais je me rattraperai cette année, gnark gnark gnark...